Dans le cadre d’un appel à projet lancé en 2023 par la Fondation Edith Cresson pour les Ecoles de la 2e Chance, l’équipe pédagogique du site de Sevran a proposé deux projets dont l’un a été retenu. Celui-ci avait pour ambition d’emmener huit stagiaires du site en haute montagne pour qu’ils puissent se dépasser sur un plan personnel. La plupart de ces jeunes ne connaissait pas la montagne, n’avait tout au plus foulé qu’un peu de neige sale dans les rues de leur ville et ignorait tout de cet écosystème bien particulier où le ciel et la terre se côtoient.
Le projet baptisé “la deuxième chance au sommet” a été retenu par la Fondation qui en a financé une bonne partie. L’idée développée en premier lieu par l’ensemble des participants consistait à gagner un sommet et à planter un drapeau pour envoyer un signe fort aux autres écoles du réseau, mais également au monde : on peut avoir échoué une première fois et réussir malgré tout si l’on s’en donne les moyens.
L’association EPPM (En Passant Par la Montagne), dont l’objet est d’emmener en montagne des publics qui en sont précisément éloignés, a accueilli le projet dans son escarcelle et s’est révélé un atout majeur. EPPM qui est basée à Servoz dans la vallée de Chamonix, aide à l’élaboration d’un programme de découverte du terrain jour par jour, agrège des guides et autres professionnels dédiés à chaque activité et fournit entre autre tout le matériel nécessaire à la poursuite du projet, du minivan permettant de se déplacer d’une vallée à l’autre, aux tipis de bivouac en passant par l’équipement personnel de chaque participant. Une première journée de marche d’approche des contreforts montagneux a permis aux guides et aux accompagnants d’évaluer non seulement les capacités physiques du groupe, mais également sa cohésion.
A l’occasion de cette première journée, les jeunes se sont révélés non seulement vaillants mais également très soudés. On pouvait dès lors passer à la suite du programme, beaucoup plus sportive et aventureuse : Une traversée ascendante des pentes de la chaîne des Aravis dans les environs de Megève. Barrière rocheuse se dressant face au massif du Mont Blanc entre le lac d’Annecy et la vallée de l’Arve, la chaîne des Aravis culmine à 2 750 mètres d’altitude. Équipés de raquettes, de sacs à dos et de pulkas, petits traîneaux que l’on tire derrière soi pour charger le matériel lourd (tipis, duvets, poêle, bois et ustensiles de cuisine), nos jeunes stagiaires ont marché plus de cinq heures dans la neige pour gagner le lieu-dit du “Chalet du Curé” à 1672 mètres. Au terme de cette longue marche, ils ont été invités à monter deux tipis pour y passer la nuit et se restaurer. Au programme : allumage d’un feu dans le poêle portatif, séchage de pieds, réchauffage de mains, préparation de la tartiflette, contemplation des étoiles et au lit par zéro degré !
Une véritable aventure digne d’un récit de London, agrémentée de péripéties en tous genres. Dans la matinée, le groupe, délesté de tout le matériel, a fait l’ascension d’un sommet culminant à 1900 mètres pour y planter son drapeau. Un sentiment de fierté et de joie intérieure était au rendez-vous.
Dans les jours qui ont suivi, le groupe a pu notamment découvrir les sous-bois en VTT et un coin des Alpes italiennes en pratiquant l’escalade sur cascade de glace. Quand on les interroge, les jeunes tombent tous d’accord. Ce qui prédomine dans cette découverte des Alpes est tout entier contenu dans les termes suivants : aventure humaine, amitié, solidarité, sens du partage, dépassement de soi. Une expérience réussie qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.